20 Septembre 2024

South Base Camp : avant d'attaquer le sommet

BIG provisoire

En 2018, Jérôme Leclef et Bruno Hubert ont lancé un projet entrepreneurial devenu une holding industrielle pour PMEs : the Belgian Industrial Group (BIG). Six ans plus tard, BIG inaugure son tout nouveau hub de coworking dénommé South Base Camp à Jumet, un site de près de 3 hectares combinant espaces de production, de stockage et de bureaux pour les PMEs industrielles de leur groupe. À un jet de pierre de l’aéroport de Bruxelles-Charleroi, ce hub matérialise une stratégie audacieuse : centraliser toutes les activités du groupe en un seul lieu ! Il y a un mois, dans le balai du rush final où se mêlaient radio et brouhaha des machines, nous avons rencontré Jérôme Leclef et Bruno Hubert, co-fondateurs, pour revenir sur la genèse de ce projet emblématique.

Comment l'idée de Belgian Industrial Group est venue ?

B : Au départ, c’est une histoire de rencontres. Jérôme et moi, on s’est croisés par hasard. J'avais un projet de reprise d’entreprise, et lui aussi, mais avec quelqu’un d’autre. Finalement, de chaque côté, les projets ont capoté. Le cédant de Daxi nous a fait nous rencontrer, et c'est parti de là. Daxi est en quelque sorte la première brique. Ensuite, il y a eu Automix, où on a placé un jeune gérant, et tout s’est consolidé progressivement. L’idée était de sortir les services supports des entreprises opérationnelles, pour que chacun puisse se concentrer sur ses activités principales tout en partageant une holding qui assure le support nécessaire.

J : Il y a des sociétés familiales qui n’ont pas de repreneurs et tout le monde ne veut pas revendre à un grand groupe financier ou à un concurrent. On y a vu une opportunité de reprendre ces entreprises, de les soutenir, tout en leur offrant une infrastructure commune pour les aider à croître. Et puis gérer une PME, c’est un défi. C'est trop petit, il n'y pas assez d’argent, et avec la guerre des talents, ça devient encore plus complexe. On s’est dit : pourquoi ne pas centraliser certains services, comme un CFO ou un responsable RH, entre plusieurs sociétés ? Cela permet de mutualiser les ressources et d’optimiser les infrastructures. C'est comme ça que l'idée de South Base Camp est née.

Bruno Hubert et Jérôme Leclef

Quelle est votre ambition pour South Base Camp ?

J : Le nom fait référence au camp de base de l’Everest. C’est l’endroit où l’on se prépare avant d’attaquer le sommet. Pour nous, South Base Camp est un lieu où nos sociétés se préparent à attaquer leur marché dans le sud de la Belgique. Le rêve, à terme, serait de créer un North Base Camp en Flandre, voire un French Base Camp à Paris ou dans le Nord de la France. L’idée, c’est de développer un écosystème où nos sociétés et celles qui les rejoignent peuvent collaborer et prospérer ensemble.

Vous parlez d’un North Base Camp. Pourquoi avoir commencé par la Wallonie ?

J : Une opportunité s’est présentée ici avec le rachat d’une société. Mais au fil des années, on a découvert que la Wallonie a bien plus de potentiel que ce que l'on peut penser : il y a encore des sites industriels disponibles, il n'y a pas d'embouteillages, on est à moins de 250km des plus grandes zones industrialisées de l'Europe, on y trouve des gens motivés à travailler et finalement, il n'y a pas de raison de ne pas investir ici.

Vous avez tous deux énormément voyagé et travaillé à l’étranger. Quels enseignements avez-vous tiré de ces voyages et implémenté ici ?

B : Tout ! [rires] C’est là où on s’est retrouvés aussi. On est multiculturels par essence, on a travaillé dans de nombreux pays, avec des collègues de toute nation. Cela apporte une ouverture d’esprit et de nouvelles pratiques. En étant étranger quelque part, tu apprends la tolérance, tu vois des façons de faire différentes. C’est cette richesse qu’on essaie d’apporter ici.

J : Certains passent 20 ans à gérer une entreprise sans jamais explorer ce qui se passe à quelques kilomètres. Pour nous, c’est une évidence d’aller voir ailleurs, de chercher des fournisseurs du monde entier. Ces voyages nous ont permis de découvrir de nouvelles innovations, que nous avons ensuite ramenées pour alimenter la croissance de nos entreprises.

Au South Base Camp, qu’avez-vous mis en place en termes de gouvernance et de responsabilité sociale (ESG) ?

J : En ce qui concerne l'écologie, nous avons pris deux initiatives. Premièrement, tout est électrifié dans nos infrastructures : les machines, le chauffage mais aussi toutes nos voitures. Tout ceci est alimenté par presque 1000 panneaux solaires - qui produisent plus que ce que l'on consomme en interne. Deuxièmement, l’isolation et la récupération des eaux usées : nous avons conçu des bâtiments qui retiennent si bien la chaleur que nous n’avons même pas eu besoin de chauffage lorsque nous nous sommes installés en décembre dernier. En matière sociale et de gouvernance, nous favorisons la participation au capital de nos employés. Tous nos collaborateurs peuvent devenir actionnaires après un an d’ancienneté.

B : Je pense que ceux qui choisissent d'entrer au capital ne deviennent pas plus impliqués du jour au lendemain, ce sont déjà des locomotives dans l'âme. En leur donnant l'opportunité d'acheter des parts, de participer au développement de l’entreprise et, s’ils partent, de revendre leurs parts, c’est plutôt une manière pour nous de les impliquer davantage.

inauguration 2

J : Avant, les gens s’occupaient uniquement de leur propre société. Maintenant, avec ce système, on a tous intérêt à ce que les autres sociétés du groupe fonctionnent bien. Cela crée une dynamique de collaboration et de soutien mutuel qui renforce tout le monde.

B : Chaque division a son propre conseil d’administration, incluant un ou deux experts externes qui apportent leur expertise stratégique. Nous avons également un conseil d’administration de groupe depuis juillet, qui supervise toutes nos opérations. Nous aimerions faire plus en termes de diversité, mais ce n’est pas facile.

Comment décririez-vous votre relation avec Sambrinvest ?

J : Sambrinvest était partenaire chez Daxi avant notre arrivée, mais il n'y avait pas de ligne de crédit en place à ce moment-là. Le vrai premier contact a eu lieu lors de la crise du COVID. Nous avions de nombreux projets d’exportation en cours. Malheureusement, ces projets ont pris beaucoup plus de temps que prévu, et notre besoin en fonds de roulement est devenu énorme. C’est à ce moment-là que Micheline et l’équipe de Sambrinvest sont revenus vers nous, et depuis, à chaque nouveau dossier d'investissement, ils ont toujours été présents.

B : Sambrinvest n'est pas de la même nature qu'une banque. Leur approche est beaucoup moins commerciale. Ce que nous avons trouvé chez eux, c’est un véritable partenaire de discussion, capable de nous dire : "Attention, là, vous allez trop loin." Ils apportent une vraie valeur ajoutée sur le long terme.

J : Avant même d’aller voir les banques, on reçoit déjà beaucoup de feedbacks grâce à l'expertise de Micheline et, ensemble, on construit des dossiers de financement qui sont au top du top !

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